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Wiccan & Chaman Arts

la simplicité

La simplicité nécessite un constant état d'observation

Nous avons l'art de croire que la simplicité n'est qu'une expression extérieure, un retrait du monde : avoir peu de possessions, ... Mais tout cela n'est pas la simplicité, ce n'est qu'une représentation publique [...]. La simplicité ne consiste pas à s'adapter à telle ou telle façon de vivre; elle exige au contraire beaucoup d'intelligence. [...] L'expression extérieure de la simplicité ne s'accompagne pas nécessairement d'une simplicité intérieure [...]. Des saints, des sages ont renoncé au monde; mais il me semble qu'un tel renoncement, pratiqué par l'un quelconque de nous, ne résoudra pas le problème. La simplicité fondamentale, réelle, ne peut naître que de l'intérieur; et de là se produit l'expression extérieure. Comment être simple est donc le problème; car la simplicité nous rend de plus en plus sensibles.

Il est évident que l'on ne peut être simple intérieurement que par la perception des innombrables fardeaux, attachements et craintes dans lesquels nous sommes empêtrés. Mais la plupart d'entre nous éprouvent de la satisfaction à être prisonnier de gens, de possessions, d'idées. Intérieurement, nous sommes des prisonniers, même si nous paraissons simples extérieurement. Nous sommes les prisonniers de nos désirs, de nos besoins, de nos idéologies, de nos innombrables mobiles. La simplicité ne peut être trouvée qu'en nous libérant intérieurement.

Il se produit une extraordinaire liberté lorsqu'on comprend tout le processus de la croyance, et pourquoi l'esprit est attaché à ses croyances. La simplicité est le fruit de notre affranchissement. Mais cette simplicité exige de l'intelligence et être intelligent c'est être conscient de ses entraves. Pour en être conscient l'on doit être constamment en état d'observation, ne pas être établi dans une façon particulière de vivre, de pensée, d'agir. Ce que l'on est intérieurement affecte le monde extérieur. [...].

Donc l'on doit commencer intérieurement mais sans exclure, sans rejeter l'extérieur; au contraire il faut comprendre celui-ci, voir comment y existent des conflits, des luttes, des souffrances ; En comprenant le monde extérieur pour parvenir ensuite à un examen de notre monde intérieur et de ses associations avec le premier, nous découvrons les complexités de notre être et devenons de plus en plus sensitifs, libres. Un esprit qui n'est pas vif, lucide, sensitif, n'est pas réceptif, n'est pas capable de créer.

Nous conformer à telle ou telle façon de vivre, en vue d'atteindre la simplicité c'est, en réalité, émousser, insensibiliser nos esprits et nos coeurs. Vous pouvez vous conformer à certains signes extérieurs de simplicité, ainsi que le font tant de personnes. Elles se livrent à des disciplines, adhèrent à des groupements, méditent d'une façon spéciale et donnent toute l'apparence de la simplicité. Mais aucune contrainte d'aucune sorte ne nous conduit à la simplicité. Au contraire, plus vous provoquez de transferts et de sublimations, moins il y a de simplicité. [...]

Être simple dans le processus total de notre conscience est extrêmement ardu ; car nous ne devons laisser subsister aucune réserve intérieure, nous devons donc être mus par une impulsion irrésistible à connaître jusqu'aux tréfonds le processus de notre être, ce qui veut dire être éveillés à chaque appel intérieur, à chaque murmure, à nos craintes, à nos espoirs et y pénétrer et en être libres, de plus en plus, de plus en plus.

L'on doit être capable de réexaminer toutes choses avec un esprit neuf, car ce n'est que par l'expérience directe que nos problèmes seront résolus. Et l'expérience directe ne se produit que s'il y a simplicité, donc sensibilité. Le poids des connaissances émousse l'esprit. Le passé et le futur émoussent l'esprit. Seul l'esprit capable de s'ajuster au présent, d'instant en instant, peut affronter les puissantes influences et les pressions que notre milieu exerce constamment sur nous.

Ainsi l'homme religieux est, en vérité, celui qui est intérieurement simple, qui n'est pas en train de " devenir " quelque chose. Un tel esprit est extraordinairement réceptif parce qu'il n'y a plus de barrières, plus de peur en lui, il n'y a plus d'acheminement vers quelque chose ; il est par conséquent capable de recevoir la Grâce, Dieu, la Vérité, nommez cela à votre guise. Mais l'esprit qui cherche, qui est à la recherche, qui tâtonne, qui s'agite, n'est pas un esprit simple. Ce n'est que lorsqu'un esprit n'est plus dans un devenir, lorsqu'il n'agit pas sur lui-même afin d'" être quelque chose ", qu'il est capable de recevoir ce qui est la vérité.

Alors le bonheur peut exister car le bonheur n'est pas une fin ; c'est le résultat de la réalité.

Krishnamurti

(La première et la dernière liberté, Edition Le livre de poche, Paris, 1996)

 

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